Valérie Gavaret - Sophrologie & formation
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27/02/2024
La sophrologie est une démarche de connaissance de soi affinée qui vise une plus grande autonomie de conscience. Il s'agit donc d'aller à la re-découverte de soi. En vous engageant dans cette exploration, vous serez régulièrement invité.e à pratiquer la suspension du jugement.
• Vous avez bien lu : je parle bien de suspension du jugement, pas de non-jugement qui est une toute autre affaire. En tant qu'espèce, nous avons développé un cerveau fait pour produire des évaluations de la situation à la vitesse de l'éclair. A l'âge des cavernes, il en allait potentiellement de notre survie, à tout moment, à chaque rencontre : cet être, là, à quelques mètres de moi, était-il un allié potentiel, une menace ou encore mon futur dîner ? Il fallait statuer vite. Aujourd'hui encore, il en reste quelque chose dans les structures de notre encéphale, notre fonctionnement mental et notre comportement. Ajoutons à cela les effets de la répétition, qui confirment et ancrent les informations en question, et nous avons des schémas prêts-à-penser. De vrais boulevards le long desquels les informations circulent à la vitesse de l’éclair, nous privant souvent de la possibilité de nous demander si elles sont même (encore) pertinentes pour nous. Ces informations deviennent des évidences.
• C’est là que la sophrologie a une carte intéressante à jouer : elle nous permet d'embrasser cette nature humaine et de la prendre comme matière première de notre travail sur nous-mêmes, sans pour autant acheter cash tout ce que nous soufflent nos schémas mentaux. Au moins temporairement, cesser de penser comme on a toujours pensé, cesser de faire comme on a toujours fait. Alors comment procéder ?
• En préambule, précisons le périmètre de ce que l'on appelle jugements. Ce sont toutes les idées préconçues, les à-priori, habitudes de pensées, les partis pris, les suppositions, croyances et généralisations qui nous éloignent de l'expérience directe du monde. Tous ces éléments constituent des filtres entre nous et la réalité - parfois même entre nous et... nous-mêmes. Et en soi, ce n'est pas un drame, c'est l'expérience d'être humain : nous naissons immatures, physiquement et mentalement, et intégrons les codes des différents groupes sociaux dans lesquels nous grandissons. Quelques exemples ? 'Le monde est un lieu hostile, méfie-toi.' 'Étaler ses émotions en public, ça ne se fait pas. Un homme, ça ne pleure pas.' 'Tu t’écoutes trop, ma pauvre fille…' (Je parie que d’autres exemples, issus de votre histoire personnelle, vous sont venus à l’esprit.) Le résultat est une relation au monde dont les paramètres échappent largement à notre conscience alors que nous les trimbalons en nous depuis parfois fort longtemps. En sophrologie, c'est ce que nous appelons l'attitude naturelle.
• Revenons maintenant à la suspension du jugement. Il s’agit d’adopter un positionnement mental qui consiste à choisir de vivre tout exercice sophrologique - et pourquoi pas, plus largement, toute expérience de vie qu'il nous plaît d'explorer - comme si c'était la première fois. Comme si... S'il ne s'agit pas d'une vraie première fois, nous le savons bien. Pour autant, ce 'comme si...' nous permet de vivre ce qui nous est donné à vivre en mettant temporairement de côté ce que nous en croyons en savoir, afin de renouveler l'expérience que nous en faisons. D'en faire une expérience plus directe, actualisée. Comme un voyageur se met au défi d’explorer une terre pas du tout inconnue avec un regard neuf. Autant dire que c’est une expérience de pleine présence qui mobilise puissamment la conscience.
• Et puis suspendre, ce n'est en aucun cas tout jeter aux orties. C'est littéralement faire tenir une chose de manière à ce qu'elle soit en suspension dans les airs. Si je suspends un vêtement, je ne le jette ni à terre, ni à la poubelle. Je peux le récupérer plus tard si je le souhaite. C'est aussi interrompre temporairement un processus, comme le juge suspend une audience. Autant d'actions qui permettent de créer de la disponibilité en nous, de questionner ce que nous tenons pour vrai et, dans le cas de la suspension de nos filtres dans la pratique sophrologique, de faire une expérience bien plus directe. C'est une mise entre parenthèses, un espace-temps suspendu, propice aux prises de conscience basées sur l’expérience vécue.
• Dans ce domaine, une attitude assez répandue consiste à suspendre uniquement ce que l'on considère comme négatif. Cela peut paraître confortable mais ce n'est que la moitié du travail. Un filtre positif reste un filtre. (Et puis est-il si positif que cela ? L’est-il seulement encore ?) La suspension du jugement consiste à suspendre même l'étiquetage positif/négatif, binaire et réducteur par nature. C'est s'autoriser à faire une expérience et voir ce qui se passe. C'est renoncer à se mettre en attente - qu'elle soit négative ou positive - à priori. Et à partir de cela, observer si l’expérience vécue va dans le sens de ce qui est bon pour nous, de ce qui nous est utile, bénéfique. Ou pas.
• En conclusion, "il s'agit d'apprendre à ne rien supposer, ne rien déduire, à rencontrer la chose sans a priori," nous dit Richard Esposito dans son lexique des concepts de la sophrologie (Esposito et al, 2010). Le cœur de la suspension du jugement, c'est donc faire et voir ce qui se passe, un processus à renouveler encore et encore. Et encore... Tout un apprentissage ! Et gardons à l'esprit qu'accepter n'est pas se résigner. Une fois l'expérience faite, nous pouvons choisir de nous délester de ce qui est caduque et nous encombre, et de valoriser ce qui nous apparaît comme bon pour nous.