Valérie Gavaret - Sophrologie & formation
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15/08/2022
Pensez donc, vous voilà invité.e à parler de vous – et à la première personne, s’il vous plaît ! - de ce que les exercices de sophrologie ont produit comme effets sur votre personne, sur votre corps, le tout de façon très directe, sans se planquer derrière ce qu’on en dit en général. Pas toujours évident… Voyons donc de quoi il s’agit.
Imaginez-vous en séance de sophrologie. Vous venez de terminer les exercices de Relaxation Dynamique et/ou la sophronisation qui constituent le cœur de la pratique. Imaginez à présent que la séance s’arrête là. Vous vous en retournez direct à votre quotidien. Que resterait-il de ce que vous avez ressenti et de ce qui a émergé à votre conscience? Certainement peu de chose, si agréables et profitables qu’aient pu être les exercices du jour. De nombreux stimuli, conscients et inconscients, le flot de vos pensées, des émotions et sentiments viendraient pousser ces éléments encore tout frais et souvent fugaces vers la sortie. D’où l’intérêt de leur accorder temps et attention avant de clore toute de pratique sophrologique, qu’il s’agisse d’une séance guidée ou de votre pratique en autonomie. Cela permet de signaler à votre mémoire à court terme que ces informations sont précieuses pour vous et de les enregistrer dans vos mémoires à long terme - d'où un enrichissement de votre conscience de vous-mêmes et de vos ressources. C’est tout l’enjeu de la phénodescription.
Voyons à présent les modalités de la phénodescription.
• Une invitation n’est pas une obligation. Si vous souhaitez garder le vécu de la séance pour vous, vous pouvez le consigner par écrit.
• La phénodescription peut donc être réalisée à l'oral ou à l'écrit. Certain.e.s préfèrent en effet l'écrit, par pudeur ou timidité. C'est valable aussi. D’ailleurs vous pouvez tenir un journal de votre pratique si vous souhaitez ainsi mesurer le chemin parcouru. Vous pouvez même dessiner si cela vous correspond davantage. Choisissez les modalités qui vous correspondent le mieux – et souvenez-vous que cela peut évoluer au gré de votre parcours.
• Exprimez ce qui vous a vraiment traversé.e pendant les différents exercices et ce qui vous anime à l’issue de la pratique. Le but n’est en aucun cas de servir à votre sophrologue ce que vous croyez qu’il ou elle veut entendre. Seul compte ce que les différentes techniques ont généré en vous corporellement et mentalement.
• Réalisez cette description avec vos mots à vous. Ce n’est pas un exercice de style. Et si vous consignez vos ressentis à l’écrit, pas de censure orthographique : ces notes ne regardent que vous.
• Gardez les éventuelles questions théoriques ou pratiques pour après. Restez concentré.e sur la description en cours. Votre sophrologue répondra à ces questions avant la fin de la séance, quand il s’agira d’évoquer votre entraînement personnel.
• Exprimez-vous à la première personne car le centre de cette pratique, c’est votre vécu et rien d’autre. Il y a une différence entre « on sent les tensions lâcher» et « j’ai senti les tensions lâcher», non ? Dire ‘Je’ nous met directement sur la voie de notre expérience personnelle. Et je vous rassure : cela ne fera pas de vous un monstre nombriliste. Au contraire. Quand ‘Je’ découvre la singularité de tous ces ressentis personnels, ‘Je’ comprends qu'il y a de fortes chances pour l’autre aussi soit un être singulier avec ses expériences intérieures à iel.
Pratiquer la phénodescription, c’est donc l’occasion d’apprendre ou de réapprendre à accueillir ce qui se passe en nous. Une occasion chaque fois renouvelée de nous mettre à l’écoute de nos perceptions, sensations, émotions pour ce qu’elles sont, en laissant de côté - temporairement au moins – ce que la psychanalyse, les symbolismes ou les différentes spiritualités ont à en dire. Ou ce que nos potes croient pouvoir en dire… C’est la possibilité d’un retour à soi qui nous permet de percevoir un peu mieux notre propre fonctionnement et de nous connaître un peu plus.
La pratique relève plus du pointillisme que de la grande révolution intérieure mais touche après touche, elle nous permet de créer une relation nouvelle, plus directe à nous-mêmes.
16/06/2022
• La sophrologie « consiste à la fois en la pratique d’une philosophie et d’une discipline existentielle. » (1) Hep, vous, derrière votre écran, pas de panique ! Nul besoin de passer l’agreg’ de philo. Le socle théorique de la sophrologie est effectivement la phénoménologie mais tout est fait pour que cela ne pèse pas sur celles et ceux qui la pratiquent. S’il y en a qui doivent phosphorer sur ces concepts philosophiques, ce sont les sophrologues. Normalement, cela fait partie de leur formation, avec un objectif : leur faire comprendre qu’ils/elles sont des passeurs mais qu’ils/elles ne pensent pas à votre place, ne savent pas ce qui est bon pour vous à votre place. Des passeurs de quoi, au juste ? De techniques, de moyens de faire de la phénoménologie APPLIQUÉE, presque sans le savoir. Chaque exercice est conçu comme un révélateur. Vous savez, le produit dans lequel on trempait les photos argentiques pour les développer. Eh bien, quand vous trempez dans le bain de la sophrologie, vous êtes invité.e.s à vivre chaque exercice comme une expérience renouvelée et voir ce qui se passe, en mettant de côté ce que vous croyez savoir de vous-mêmes, au moins temporairement. Objectif : faire apparaître des ressources endormies ou insoupçonnées pour mener une existence plus épanouie. Une nouvelle philosophie de vie qui se construit par la pratique.
• Et cette… discipline existentielle, me demanderez-vous. Eh bien tout ce qui vous sera proposé en sophrologie est pensé pour nous permettre de prendre mieux place dans l’existence. Loin d’être une pratique nombriliste, la sophrologie s’est donné pour projet de « mener l’homme [l’humain] à une intégration dans la société, tout en conservant son indépendance et son individualité. » (2) La sophrologie reconnaît donc que chacun est un être singulier qui, pour autant, ne peut se suffire à lui-même. Elle reconnaît l’inter-dépendance des humains dans le tissus social. Elle propose donc un équilibre entre affirmation de soi et appartenance à des groupes, des collectifs. Peut-être pas très sexy dit comme ça mais cela colle à la réalité de notre vie en société : tout ne tourne pas autour de notre petit nombril.
• Pour autant, la sophrologie, c’est le choix réfléchi de ne pas dramatiser l’existence. Au contraire, elle « a renoncé en grande partie à la rationalisation du négatif » (3). Autrement dit, du négatif, il y en a dans nos vie; on ne va ni le planquer sous le tapis, ni investir temps et énergie à l’analyser en boucle. A la place, nous faisons le pari optimiste et renouvelé de donner du poids au positif. La sophrologie souligne « la nécessité de l’activation progressive et dynamique des forces positives» (4) Progressive car c’est un apprentissage; ça ne se décrète pas. Dynamique : par la pratique, en action. La sophrologie nous permet donc d’apprendre à valoriser nos capacités afin de nous créer une vie plus harmonieuse.
• La notion d’harmonie est très présente, en sophrologie. C’est même une capacité essentielle, un but vers lequel tendre encore et encore. Comme l’équilibre, il s’agit d’un état dynamique. Parfois nous sommes au top. Parfois nous traversons des périodes moins fastes mais l’entraînement sophrologique nous apporte les moyens de les traverser au mieux. Il nous permet d’avoir une conscience plus fine de nos besoins, de nos ressources pour y répondre, de faire un peu plus ce que l’on souhaite de notre quotidien, tout en reconnaissant que ce n’est pas toujours si simple que ça. Là encore, les propos du Pr Caycedo sont clairs : « si (…) nous offrons [à l’être humain] des méthodes d’entraînement qui activent ses forces d’intégration tant physiques que mentales, nous renforcerons sa responsabilité, le rendant plus apte à faire face à la souffrance.» (5)
• En résumé, la sophrologie nous permet de mener plus harmonieusement notre barque à travers les hauts et les bas de l’existence. Elle nous réveille, nous fortifie et reconnaît que le processus demande du temps. Cela présence un avantage énorme sur les recettes de bonheur en 5 points et autres trucs infaillibles sensés vous rendre happy, juré-craché : Quand la vie s’affole et menace de nous faire chavirer, la sophrologie continue d’être aidante et opère comme une boussole.
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1. Pr Alfonso Caycedo, 1er congrès mondial de sophrologie, Barcelone, octobre 1970. In CAYCEDO, Natalia . Alfonso Caycedo, Le parcours hors du commun du créateur de la Sophrologie. Andorre : Sofrocay, 2018, p. 250.
2. Idem, p. 254
3. Idem, p. 255
4. id.
5. id.
19/04/2022
Vous voyez la photo qui illustre ce billet (1) ? Eh bien il est là, le problème. Un sérieux problème d’iconographie, c’est-à-dire de représentation, d’illustration de la méthode dans les média grand public, virtuels comme sur papier. Ce que cette image nous donne à voir, c'est une posture de yoga, appelée Chien Tête en Haut. Parmi les images utilisées pour représenter la sophrologie, on trouve aussi, pelle-mêle, des personnages qui vous offrent leur Namaste le plus serein, d’autres en posture de l’Arbre, assis en lotus ou en demi-lotus. Autant de positions bien connues de celles et ceux qui pratiquent le yoga ainsi que certaines formes de méditation. Sauf que cela contribue à induire le public en erreur puisque rien de tout cela n’est pratiqué en sophrologie...
Un peu d’histoire, maintenant car c'est de là que naît la confusion. Effectivement, dans ses recherches pour élaborer une méthode qui favorise l’équilibre de la conscience, le Professeur Alfonso Caycedo, fondateur de la sophrologie, s’est inspiré de ce qui existait en Orient. Il a séjourné deux ans en Inde pour étudier les différents yogas, s’est rendu à Dharamsala, auprès du Dalaï Lama pour étudier les bases du bouddhisme tibétain et enfin au Japon, à la rencontre du bouddhisme zen. Il y avait été vivement encouragé par l’un de ses maîtres en psychiatrie, le Dr Ludwig Binswanger, une pointure dans sa spécialité, un humaniste d’une grande ouverture d’esprit, qui estimait que l'occident avait beaucoup à apprendre des cultures orientales dans le domaine de l'exploration de la conscience. Tous deux partageaient une démarche commune où se conjuguaient suspension du jugement et rigueur médicale. Pour autant, le but du Dr Caycedo n’a jamais été d’utiliser en l’état tout ce qu’il avait découvert. Il reconnaissait volontiers que chacune de ces pratiques était intimement liée à un contexte spirituel spécifique et s’indignait d’ailleurs que l’on puisse les galvauder.
Il a donc réalisé un considérable travail d’adaptation des techniques d’entraînement de la conscience qui avaient retenu son attention. Il en a gardé ce qui permettait de nourrir son projet de sophrologie en les laïcisant. Dans le livre qu’elle a consacré à l’œuvre de son père, le Dr Natalia Caycedo explique que « malgré les expériences positives qu’il connut en Orient et l’influence qu’elles eurent sur sa recherche, Alfonso Caycedo affirme que la sophrologie n’est pas une école orientaliste. »(2) Elle précise même que la méthode est « aconfessionnelle ».(3) Le Pr Caycedo s’est appuyé sur la complémentarité entre les connaissances disponibles en occident et celles qu’il était allé chercher en orient pour créer une méthode originale, avec une logique interne propre. Pas un sous-yoga.
Concrètement, vous n’avez pas besoin d’adhérer aux préceptes de l’hindouisme ou du bouddhisme pour faire de la sophrologie. Vous ne pratiquerez pas d’asanas plus ou moins acrobatiques. Pas de position du lotus non plus. Les positions de pratiques et les techniques sophrologiques ont toutes été pensées, structurées pour être accessibles au plus grand nombre et s’inscrire dans notre quotidien aussi aisément que possible. Vous pourrez les pratiquer en tenue de ville, dans un très grand nombre de contextes différents. Et si certaines de ces techniques ont une structure et une codification plus complexes, qui nécessitent un peu plus de temps et d’expérience, la grande majorité est faite pour que chacun puisse se les approprier. Il en va de l'un des piliers de la méthode : votre autonomie, dès le début de votre entraînement.
Ne vous laissez donc pas impressionner, voire dissuader de faire de la sophrologie, par des illustrations inappropriées. Comme les sophrologues aiment à dire, venez faire et voir ce qui se passe !
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1. RAMBAUD Violaine. La sophrologie, douceur et positivité. Magazine Happy, dossier Guide des médecines douces, 2022
2. CAYCEDO Natalia. Alfonso Caycedo, le parcours hors du commun du créateur de la sophrologie. Éditions Sofrocay, 2018
3. Idem
19/03/2022
Évacuons d’abord le deux poids deux mesures appliqué au verbe relaxer. Depuis le Moyen Âge et aujourd’hui encore, relaxer est synonyme d’acquitter, libérer un accusé. Mais ce n’est pas tout. En des temps fort anciens, relaxer a même signifié pardonner, remettre les péchés. Bref, la notion de libération prédomine. Et pour cause : sa racine latine, relaxare, signifie tout bonnement desserrer, relâcher. Desserrer la contrainte judiciaire ou religieuse. Desserrer, relâcher les contraintes sur le corps et/ou sur le mental aussi. Il n'y a donc pas d'un côté un sens noble et de l'autre, une acception rudimentaire. Les deux font référence à une même dynamique. Libérés, délivrés, en somme !
De ce point de vue, les méthodes de relaxation sont conformes à leur appellation : elles ont bien pour but d’aider les personnes trop tendues, au corps tout contracté, à laisser ces tensions se desserrer, à lâcher et se relâcher. En soi, se détendre physiquement et mentalement est déjà une forme de libération. C’est quand même plus bénéfique que de laisser des tensions, de quelque origine qu’elles soient, se chroniciser, s’accumuler et nous pourrir la vie. Les sophrologues n’ont donc pas le monopole de la libération.
Pourtant, il existe bien une différence essentielle entre relaxologie et sophrologie. Si apprendre à se relaxer, à se détendre est la finalité des méthodes de relaxation, ce n’est pas celle de la sophrologie. La sophrologie est une méthode qui vise à développer l’équilibre de la conscience. Sur le site de l’Académie Internationale de Sophrologie Caycédienne, on peut lire que « La Sophrologie aide chacun à développer une conscience sereine au moyen d’un entraînement personnel basé sur des techniques de relaxation et d’activation du corps et de l’esprit. » Premier constat : parler de relaxation en sophrologie n’est pas un gros mot. Il existe bien des moyens pour aider les tensions à lâcher. L’intention est de préparer le terrain, de créer une disponibilité corporelle et mentale suffisante pour la suite. Si vous n’êtes que tensions, stress et ruminations, comment allez-vous pouvoir poursuivre l’objectif sophrologique de « renforcer les attitudes et valeurs positives au quotidien» ?
Alors que propose la sophrologie ? Une activation du corps et de l’esprit, on vous dit ! Elle nous propose d’apprendre à réveiller nos ressources et capacités de conscience, à commencer par développer notre présence à notre schéma corporel, à nos sens et notre respiration. La sophrologie, c’est aussi explorer notre tridimensionnalité temporelle. En d’autres termes, il n’y en a pas que pour le présent : on y apprend aussi à valoriser les ressources de notre passé, nous projeter vers notre avenir avec les capacités pour y manifester le meilleur de nous-même et l’aborder avec une plus grande confiance. Certaines techniques sont faites pour actualiser les valeurs qui nous permettent de donner du sens à notre existence ou pour méditer sur notre sentiment de liberté. Et plus si affinité. Tout ceci rien que pour les quatre premiers degrés de la méthode. Pour explorer tous ces domaines, l’éventail des moyens utilisés dépassent largement la relaxation. Certaines techniques relèvent de la pleine présence, d’autre s’appuient sur notre imagination, d’autres encore sont méditatives.
Avec un tel projet, il est contre-productif de rechercher un état de détente si profond que cela transforme la séance de sophrologie en simple parenthèse de relaxation. Tout l’enjeu est d’apprendre à cultiver un tonus corporel et un niveau de vigilance propices à ces différentes activations. Le tout dans le cadre d’un accompagnement progressif, qui tient compte de ce avec quoi chaque pratiquant.e arrive et de ce qu’il ou elle souhaite atteindre.
C’est ainsi que l’on parvient à comprendre mieux son propre fonctionnement et à faire de soi un peu plus ce que l’on veut.